Définition de l'hypnose

Nous pouvons maintenant, à partir d'Erickson donner une véritable  définition de ce qu'est l'hypnose.

Le mot hypnose désigne trois choses à la fois : un état dans lequel est l'esprit, les techniques permettant d'arriver à cet état et l'ensemble des techniques thérapeutiques utilisées avec un patient durant l'état d'hypnose.

Comme le dit  Erickson, « L'hypnose, c'est une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d'une autre personne » L'hypnose est donc avant tout le fruit d'une attitude différente, certes spéciale, adoptée par un thérapeute, accompagnée d'une écoute bienveillante.

Selon l’Encyclopaedia Britannica (1999 définition d'Erickson) l'hypnose est un « état psychologique spécial avec certains attributs physiologiques, ressemblant superficiellement au sommeil et indiqué par un fonctionnement de l’individu à un niveau de conscience autre que l’état conscient ordinaire. Cet état se caractérise par un degré de réceptivité et de réponse accru dans lequel il est donné autant de signification aux perceptions empiriques intérieures qu’il en est généralement donné à la seule réalité externe. »

L'hypnose fait partite des états de transe, faisant partie des états de conscience atténuée et modifiée. C'est un état d'hyper-concentration sur soi, considéré comme apparenté au sommeil ou la veille mais différent tout de même. C'est donc un phénomène naturel. Le patient  voit sa vigilance baisser, durant la transe hypnotique il apparaît une absence de jugement ou de censure, une suspension d’orientation de lieu ou du temps, une expérience de réponses quasi automatiques. Cet état facilite l’incorporation de suggestions hypnotiques.

En effet, dans son état normal toute personne voit une idée formulée tout de suite discutée par le cerveau, c'est seulement après un travail complexe du cerveau que l'idée est acceptée et transformée en actes ou bien neutralisée. Au contraire lorsqu'une personne est en été hypnotique, cette transformation de l'idée formulée en actes, sensations ou mouvements va tellement vite que le cerveau n'a pas le temps de les contrôler. Ce qui est fait est de manière inconsciente, à l'insu de la volonté, voilà un des principes de base de l'hypnose, la suggestion outil de l'induction qui permet d'entrer dans cet état hypnotique.

L’état hypnotique commence par une condition de relaxation physique et mentale, associée à une absorption et une focalisation sur un ou plusieurs objets cet état hypnotique est un état dans lequel nous nous trouvons plusieurs fois par jour durant lequel notre cerveau et notre esprit fonctionnent donc différemment qu'à l'état de veille, ce qui permet donc de faire des choses impossibles autrement. Pour les enfants, cet état est encore plus habituel car il n’y a que peu de barrières entre le réel et leur imaginaire.

L'état hypnotique est assimilé par François Roustang (grand hypno-thérapeute) à une « veille paradoxale » Pour la qualifier ainsi, il est parti du fait que Michel Jouvert avait conclu que le sommeil profond était le milieu privilégié dans lequel le rêve pouvait éclore, donnant à cet état particulier du corps et du cerveau le nom de « sommeil paradoxal ». Paradoxal le moment du rêve est assimilé à un isolement plus ou moins grand à l'égard du monde extérieur et un approfondissement du sommeil et à une activation du cortex similaire à celui de la veille attentive. « Donc mieux je dors, plus je rêve ; mieux je suis endormie, plus je suis éveillé. ». Ces découvertes permettent donc de comprendre l'hypnose, en effet lors de la transe on constate une immobilité corporelle, corps qui reste indifférent à toutes stimulations  extérieures sauf à la voix de l'hypno-thérapeute et on peut aussi constater une vivacité de l'attention du sujet à tout ce qui se passe en lui et pour lui, liée à une possibilité du développement imaginaire. L'hypnose ne serait pas à désigner de sommeil ou bien serait encore une forme de sommeil paradoxale car cet état hypnotique est accompagné d'une activité cérébrale intense et que le sujet n'est pas endormi malgré l'apparence que cela en a. Le dialogue instauré par le thérapeute suppose l'état de veille, d'où le nom de de « veille paradoxale » adoptée par F. Roustang le corps apparaissant sous les traits du sommeil et les caractères de la veille, se manifestant avec beaucoup plus de force.

Pour passer de ce que F. Roustang nomme « veille restreinte », l'état de veille ordinaire à la « veille paradoxale » ou état hypnotique, l'induction est requise.

L'induction consiste à aider le sujet à entrer dans une focalisation intérieure, à se centrer sur lui-même et se détacher de l'environnement extérieur pour mieux ressentir ses sensations physiques, ses émotions, ses souvenirs, ses fantasmes... C'est la « porte d'entrée » d'accès à la transe et aux contenus inconscients. Il est d'abord nécessaire de fixer l'attention du sujet, puis dans un second temps, de « dé-potentialiser » sa conscience. Ensuite, la phase d'hypnose, ou phase d'état modifié de conscience, surviendra d'elle même. Le rôle de ces suggestions est donc de dé-potentialiser le conscient : on l'endort en le détournant. L'induction favorise un état de dissociation : conscient- in conscient, corps-esprit (différentes fonctions seraient isolées) avec une diminution de l'attention consciente et une augmentation des capacités d'imagerie mentale et de créativité : le sujet découvre ainsi ses possibilités, ses ressources.  L'induction permet au sujet de se focaliser sur ses processus internes, ses sensations, ses ressentis, ses émotions, ses souvenirs et ses besoins.

Pour Erickson, ce temps de l'induction est un moment fondamental, qui va permettre au sujet de passer de l'état de veille à l'état hypnotique : c'est le moment, le temps nécessaire pour se fermer aux stimili externes ou internes (bruits, pensées parasites etc.) C'est un temps pour faire le vide, le silence en soi. Le temps de l'induction est ce qui permet au patient un retrait et une réorientation de son attention, de l'extérieur vers l'intérieur, en s'absorbant dans une imagerie mentale adaptée.

Une fois cette induction réalisée, le sujet peut alors commencer son travail, sa thérapie, il peut placer  son esprit conscient en retrait, et permettre à son inconscient de fonctionner afin de trouver ses solutions. L'inconscient va rechercher de nouvelles associations, une façon différente d'associer les apprentissages, les souvenirs, les évènements de vie et les conflits ou problèmes actuels, afin de procéder à une restructuration, un ré-agencement, une réorganisation ou un état plus stable.

La période de travail de l'inconscient est un moment où le patient est particulièrement réceptif aux suggestions ou, mieux aux évocations. C'est à ce niveau là que l'apport d'Erickson est le plus précieux, en effet, il a crée puis développé et amplifié des moyens spécifiques de communication, dont la particularité et l'intérêt majeur est qu'ils s'adressent directement à l'inconscient. On parle de « langage hypnotique ». Il ne s'agit pas d'un mode d'expression ordinaire ou habituel mais plutôt d'une façon d'utiliser sa voix à l'aide de mots, de phrases et d'expressions, agencés d'une manière particulière. Le thérapeute ainsi, accompagnera et guidera les pensées du patient et ses associations d'idées sur des chemins thérapeutiques. Il provoquera chez le patient un travail personnel et unique qui au mieux aboutira à une guérison.

Il existe plusieurs niveaux de cette transe hypnotique :

  • la transe légère durant laquelle nous restons complètement conscients de tout ce qui se passe. C'est le niveau de transe qui est le plus souvent utilisé en hypnothérapie,on considère que la plupart des gens normaux peuvent entrer dans cette transe légère

  • la transe moyenne durant laquelle la conscience oscille entre présence et non-présence

  • la transe profonde, transe durant laquelle une impression de sommeil nous envahit, mais qui est très différente du sommeil, on considère que 75% des gens peuvent entrer dans cette transe parfois après un long apprentissage.

La profondeur de la transe n'a aucune importance pour la thérapie, contrairement aux idées reçues.

Cette transe hypnotique permet donc de résoudre beaucoup de problèmes enfouits dans l'inconscient des personnes, elle permet de trouver des solutions à des problèmes que jamais nous n'aurions trouvées dans un état de conscience normal.

C'est le but de la séance hypnotique. Le sujet doit être conduit à utiliser son inconscient afin de franchir certaines barrières fixées et figées par le conscient, les références habituelles, les habitudes etc. afin de pouvoir découvrir de nouvelles solutions et déclenche un soulagement ou une guérison.

« La psychothérapie par l'hypnose est, pour le patient, un processus d'apprentissage, une procédure de rééducation. Les résultats efficaces en psychothérapie par l'hypnose proviennent seulement des activités du patient. Le thérapeute provoque simplement l'activité du patient, sans savoir souvent ce que cette activité peut être, il guide alors le patient et se sert de son jugement clinique pou évaluer la quantité de travail nécessaire à l'obtention des résultats désirés. Comment guider et comment juger, voilà ce qui constitue le travail du thérapeute alors que la tâche du patient est celle d'apprendre à travers ses propres efforts une nouvelle compréhension de son expérience de vie. Une telle rééducation se fait, bien sûr, nécessairement dans les termes de l'expérience de vie du patient, dans ses compréhensions, ses souvenirs, attitudes et idées, elle ne peut se faire selon les idées et les opinions du thérapeute. » Erickson